Quel air respirons- nous ? – Compte-rendu de la réunion publique sur la qualité de l’air à Fontenay-sous-Bois
Ce jeudi 24 mars dernier a eu lieu une conférence-débat autour d’un sujet central pour la santé publique : la qualité de l’air que nous respirons.
Accompagnée de Bernard Jomier, médecin et adjoint écologiste à la Maire de Paris, en charge des questions de santé et de Karine Léger, de l’association Airparif, cette soirée avait pour objet de sensibiliser mais aussi de débattre avec les fontenaysiens, vincennois et saint-mandéens sur la question de la qualité de l’air.
Il est vrai que ce sujet inquiète les citoyens : dans la rue, dans les transports, au travail ou chez nous ; nous sommes tous exposés à cette pollution invisible qui a des répercussions concrètes et durables sur notre santé. Avec plus de 42.000 décès prématurés par an et un coût annuel pour la France estimé à 101,3 milliard d’euros, la pollution de l’air est un véritable sujet de santé publique mais aussi une aberration économique compte tenu de ses conséquences pour les finances publiques.
L’urgence est bien réelle, et la situation francilienne et plus précisément val-de-marnaise est particulièrement dégradée. Comme l’a souligné Karine Léger, l’Ile-de-France concentre une forte population, une forte activité économique et un réseau de transport très dense : un cocktail explosif. Cela a un impact direct sur la qualité de l’air et la santé des franciliens. Les principales sources de ces pollutions sont les transports, le chauffage, l’industrie, mais également l’agriculture intensive, notamment au printemps, lorsque que les agriculteurs répandent une forte quantité d’intrants chimiques (pesticides et engrais).
Il est heureusement possible de lutter contre ces pollutions atmosphériques. Les solutions nécessitent une volonté politique forte et une coopération entre les acteurs. Il s’agit de développer à la fois des mesures d’urgence lors des pics de pollutions, et en ce sens, la proposition de loi écologiste visant à automatiser les mesures d’urgence telles que la circulation alternée lors des pics de pollution, va dans le bon sens ; mais il s’agit surtout de modifier les pratiques en profondeur,sur la durée, de rejeter moins de polluants à la source, et d’améliorer la qualité de notre air sur le long terme.
L’interdiction progressive des véhicules diesel est un premier impératif. Comme a pu le souligner Bernard Jomier, il n’existe pas de diesel propre. Le lobbying de l’industrie automobile ne doit plus porter atteinte à la santé publique. Il faut une désincitation fiscale forte au diesel pour accompagner un changement des comportements. Une évolution est déjà en cours puisque les ventes de voitures diesel sont en forte baisse.
Pour accompagner le changement des pratiques, un réseau de transports publics efficaces et accessibles au plus grand nombre doit être proposé, afin de limiter l’utilisation de la voiture individuelle. Les pratiques de transports doux ou de covoiturage doivent également être proposées.
La rénovation thermique des bâtiments doit aussi être accélérée, afin de limiter des pertes énergétiques polluantes et coûteuses. Il faut également limiter le rejet d’intrants chimiques dans l’atmosphère par les agriculteurs, notamment autour des zones habitées, où se concentrent les populations, mais pas seulement, puisque les polluants, très volatiles se déplacent des zones agricoles de grande couronne vers la métropole. C’est donc à tous les niveaux que nous pouvons et que nous devons agir pour modifier les pratiques et améliorer la qualité de l’air.
Cela passe aussi par une information fiable et complète des citoyens, afin qu’ils puissent réagir au niveau individuel, limiter leurs déplacements, privilégier les transports en commun ou éviter de faire du sport par exemple. Les citoyens ont aussi le droit de savoir à quels risques ils sont exposés, c’est là que le travail d’Airparif prend tout son sens par son travail indépendant de mesures de la qualité de l’air et d’alerte lorsque celle-ci est trop dégradée.
Si le constat de la pollution de notre air est alarmant , les solutions existent et la mobilisation des citoyens, comme des pouvoirs publics, est un levier puissant pour parvenir à améliorer la qualité de l’air.