Comme pour le climat la lutte pour la préservation de la biodiversité a besoin de moyens
Ce jeudi 13 février, Emmanuel Macron a inauguré l’Office Français pour la Biodiversité, après une année de préfiguration et peu après l’annonce d’une réduction de ses moyens : le budget affecté à la biodiversité sera amputé d’un quart à un tiers du budget prévu (notamment à cause du coût des cadeaux faits aux chasseurs) et 61 postes seront supprimés. C’est supprimer des moyens, déjà insuffisants, pour protéger l’environnement, pour enrayer cette crise d’extinction massive des espèces, la première depuis la disparition des dinosaures, il y a environ 65 millions d’années.
La connaissance, le suivi scientifique, l’identification et la mise en œuvre de solutions sont aujourd’hui indispensables pour être à la hauteur de l’enjeu : maintenir et développer les services indispensables que nous fournit la nature.
Or, depuis plusieurs années, en totale contradiction avec les objectifs annoncés, les parcs naturels nationaux payent un lourd tribut avec une diminution constante de leurs effectifs et un redéploiement pour couvrir les besoins des nouvelles aires protégées, le parc des Calanques en 2012 et le Parc national des forêts de Champagne et Bourgogne prévu cette année. 200 à 300 millions d’euros manquent, par ailleurs, chaque année pour accompagner collectivités et partenaires économiques dans la préservation et la reconquête des cœurs et corridors de biodiversité.
A minima, les dépenses liées à la biodiversité et au climat doivent être sorties du cadre du Pacte financier État/collectivité et les effectifs et les moyens doivent suivre la progression des surfaces protégées.
La nature n’est pas une variable d’ajustement. Plusieurs urgences s’imposent à nous au vu de l’accélération de la disparition du vivant :
- la mise en place de statuts de protection à toutes les échelles de territoires, y compris pour protéger les espaces de biodiversité ordinaire, eux aussi menacés, afin de garantir un véritable droit de la nature et à la nature pour tous,
- la sanctuarisation des écosystèmes toujours menacés,
- un renforcement des moyens humains et financiers de l’Office Français de la Biodiversité afin que celui-ci puisse véritablement être garant d’une protection effective du vivant,
- la concrétisation du principe « Zéro artificialisation », préfiguré par Nicolas Hulot. Le recours systématique à la compensation ne sert que la conscience des aménageurs et détruit, chaque fois qu’elle est mobilisée, les habitats et les espèces.
EELV demande :
- que le gouvernement émette sans tarder, à l’attention des Préfets, une circulaire rappelant les exigences de la loi Biodiversité de 2016 et en particulier la séquence « Éviter-Réduire-Compenser » ainsi que l’obligation préfectorale de veiller à son application à tous les projets,
- la fin des dérogations préfectorales qui exemptent aujourd’hui les promoteurs de réaliser une étude d’impact, au prétexte d’une biodiversité ordinaire ou d’une emprise réduite du projet,
EELV appelle également à la transformation du plan Écophyto, dont les différentes éditions n’ont pas permis de remédier à son manque criant d’efficacité (l’utilisation des biocides a largement augmenté !). L’abandon des pesticides de synthèse est indispensable pour préserver la biodiversité et pour produire une alimentation de qualité.
Nous sommes partie intégrante de la nature, nous ne la possédons pas et devons lui accorder le droit d’exister au même titre qu’aux humains. Il est impératif de protéger les espèces vivantes, animales et végétales, ainsi que de protéger l’eau, l’air et leur habitat – et donc les sols.
À la veille du prochain rendez-vous majeur pour la biodiversité, avec le congrès mondial de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) en juin à Marseille, la France a encore beaucoup à faire pour se prétendre « championne de la biodiversité ».
Alain Coulombel et Éva Sas, porte-paroles
Emmanuel Cau et Julie Nicolas, commission biodiversité