Pesticides cancérigènes comme le Roundup
Lors de la séance de questions au gouvernement mercredi 25 mars, Laurence Abeille a interpellé la ministre de la santé pour demander l’interdiction de 5 pesticides reconnus cancérigènes par le Centre International de Recherche sur le Cancer, dépendant de l’OMS.
Retrouvez le compte-rendu (question et réponse) ainsi que la vidéo de l’intervention :
» Mme Laurence Abeille. Monsieur le président, ma question s’adresse à Mme la ministre de la santé. Le Centre international de recherche sur le cancer vient de classer comme cancérigène cinq pesticides, dont le glyphosate, qui est la substance active du Roundup de Monsanto, le désherbant le plus utilisé au monde.
Le glyphosate est présent dans un champ de blé sur trois en France, mais il est également utilisé par les particuliers et les collectivités. Cette substance se trouve donc partout dans l’air, dans l’eau, dans les aliments. Dans le reste du monde, cet herbicide est également associé à la culture d’OGM.
Cette annonce sur la dangerosité de ce produit n’est pourtant pas une surprise, et nous savons depuis au moins 2012, et les études menées par Gilles-Eric Séralini, que l’association de Roundup et de plants OGM présente des risques avérés sur la santé.
Le Centre international de recherche sur le cancer a également classé le pesticide malathion comme cancérigène probable. Il est notamment utilisé en Guyane, et mes collègues François-Michel Lambert et Brigitte Allain sont intervenus plusieurs fois sur ce scandale sanitaire.
Ce classement doit nous faire réagir vite. Rappelons que jamais un agent classé cancérogène n’a ensuite été rétrogradé à un échelon de dangerosité inférieur !
Nous savons que les industriels, comme Monsanto, sont à l’oeuvre pour instiller le doute scientifique, pour fabriquer du mensonge et remettre en cause ce classement. Il serait irresponsable de la part des politiques de ne pas tenir compte de l’analyse de l’institution sanitaire mondiale de référence dans le domaine du cancer.
L’interdiction de tels produits devient urgente : nous ne pouvons pas laisser sur le marché des produits dangereux pour la santé – et surtout pour la santé des agriculteurs, alors que, dans le même temps, nous affirmons notre ambition de conduire le modèle agricole français vers l’agroécologie. Transformer notre agriculture et protéger notre santé commence par l’interdiction des substances les plus nocives, comme notre assemblée a eu le courage de le faire la semaine dernière avec les néonicotinoïdes.
Mme la ministre, que comptez-vous faire pour parvenir à l’interdiction rapide de ces produits cancérigènes ?
Mme Marisol Touraine , ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes :
Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, madame la députée Laurence Abeille, oui, l’Organisation mondiale de la santé vient de procéder à la
réévaluation de cinq substances, qu’elle a classées comme potentiellement cancérigènes. C’est évidemment un signal d’une très grande importance, qui doit nous
mobiliser et nous alerter. Nous ne pouvons pas faire comme si ces produits ne comportaient pas des risques pour les utilisateurs !
Parmi ces cinq substances, trois sont d’ores et déjà interdites dans notre pays et en Europe ; elles ne sont donc pas en cause. Restent deux substances. Le malathion a été utilisé de manière dérogatoire, notamment en Guyane, pour faire face à l’épidémie de chikungunya, dont le porteur s’est avéré résistant à tous les autres insecticides.
Depuis l’annonce de l’Organisation mondiale de la santé, l’utilisation de ce produit a été suspendue et les agences sanitaires seront amenées à se pencher sur la question de savoir ce qu’elles devront préconiser en cas de nouvelle épidémie, et face à l’inefficacité d’autres produits.
S’agissant du glyphosate, la substance active du Roundup, je veux appeler votre attention sur le fait que le Gouvernement est très mobilisé. Stéphane Le Foll a fait de la réduction des herbicides une des priorités de son ministère, puisque les agriculteurs sont les premiers concernés par les risques qu’ils comportent.
Une évaluation européenne de la toxicité de ces produits est en cours. Elle devra faire l’objet d’une analyse précise par les agences sanitaires. Mais je veux vous assurer, madame la députée, que l’ensemble du Gouvernement est très vigilant. Nous ne pouvons pas prendre de risques avec la santé de nos concitoyens !
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