L’écologie, dernier rempart au populisme d’extrême droite

Il y a donc en Europe un moyen de faire rempart à l’extrême droite, et à son populisme, tout en ne donnant pas quitus aux partis politiques de gouvernement installés au pouvoir depuis des décennies et issus seulement de deux partis dominateurs.

Choisir un candidat à la présidentielle d’un pays, proche des combats écologiques, solidaires et citoyens, et sachant fédérer les forces capables de tenir la dragée haute aux grandes formations traditionnelles sociaux-libérales et/ou libertariennes conservatrices, sans pour autant laisser passer l’extrême droite, plus conquérante que jamais avec des arguments plus démagogiques les uns que les autres, est donc du domaine du possible.

Durant des années, Alexander Van der Bellen a capté l’attention d’un auditoire convaincu et militant, et a bénéficié d’une écoute bienveillante d’une large partie de la population, mais sans que cela se transforme en vote dans les urnes, le résultat des scrutins, souvent, se trouvant restreint par les modes électoraux en place.

Aujourd’hui, une majorité d’électeurs se sont portés sur son nom, alors même que les grands partis politiques ne se sont pas particulièrement manifestés en sa faveur pour l’aider à battre le candidat d’extrême droite au second tour.

Ceci a été rendu possible car cet écologiste s’est d’abord dit qu’il n’avait rien à perdre à se lancer en indépendant, pour s’éviter le parcours du combattant d’une investiture dans le cadre d’une primaire, à l‘accès forcément verrouillé. L’homme a su rester calme, serein, assistant avec amusement aux querelles que provoquait la lutte des égotistes professionnalisés au sein des grands partis sans y participer.

Alexander Van der Bellen n’a visé qu’une chose : que la maison commune son « Heimat » trouve La « Cohésion » dont elle a tant « Besoin » avec ce slogan d’une grande simplicité :
« Heimat braucht Zusammenhalt »

Il n’a pas, pour autant, cherché à cacher son image d’homme de gauche. Laissant les autres le qualifier de « Vert dehors, mais rouge à l’intérieur. Un socialiste, quoi. », une forme de Daniel Cohn Bendit autrichien, à bien y regarder. Sans qu’il y voit une quelconque insulte ou un quelconque dénigrement de la part de ses adversaires. Le « vert » de Van der Bellen défendant un socialisme écologique de type nordique, comme en Suède ou Norvège. Ce que René Dumont, le précurseur, qualifiait de socialisme « de l’arbre et du jardin », cette forme d’éco-socialisme, s’intéressant à des propositions théoriques à traduire en actes.

Dans cette « civilisation de l’arbre et du jardin », tout à la fois marquée par le socialisme et l’écologie, la paysannerie est annoncée comme devoir jouer un rôle essentiel sur le constat du caractère insoutenable du développement industriel imposé par de grandes multinationales de l’agro alimentaire, et de la société de sur- consommation et de gâchis permanent.

La perspective de la catastrophe à venir et de l’absolue nécessité de tenter de la conjurer, pour faire en sorte que l’humanité puisse survivre et vivre dans une société plus juste, justifiant les alarmes émises à propos de l’épuisement prochain des ressources non renouvelables (eau, sol, énergies fossiles). Le gaspillage généralisé caractérisant, par ailleurs, la société urbaine occidentale, sans que personne réellement ne se mobilise pour y remédier, malgré le nombre de pics de pollution qui s’y multiplie.

Tout comme René Dumont en son temps, Alexander Van Der Bellen n’hésite pas à prôner une politique de recyclage généralisé, le recours systématique aux énergies renouvelables et plus généralement aux technologies intermédiaires, et aux productions locales, la valorisation des déchets, sans oublier de privilégier la production de céréales au détriment de la viande. Apport de Théodore Monod, son ami pacifiste et citoyen du monde.

Il prône, aussi la production de biens de consommation orientée vers la satisfaction des besoins essentiels, ce qui remettrait de facto en cause la politique de l’obsolescence programmée des groupes industriels, et permettrait de s’attaquer au nombre de biens inutilement produits recyclables au sein de ressourceries adossées à l’économie sociale et solidaire.

Sur un plan plus politique, il prône enfin la lutte contre les hiérarchies et les inégalités sociales, par le biais de la planification démocratique, la quantité d’heures requises pour la production nécessaire aux besoins essentiels de la nation entre l’ensemble des demandeurs d’emplois. Autant d’axes que l’on retrouve dans les programmes écologistes des verts Européens, et en particulier chez Europe Ecologie Les verts, et ses partenaires animés par des valeurs de gauche.

Pour ne pas paraître idéaliste, Alexander Van der Bellen a su rappeler aussi, et souvent, les droits et surtout les devoirs des réfugiés, appelés à s’adapter au mode de vie de la maison commune, pour favoriser le mieux vivre ensemble.

Que ce candidat ait bénéficié de la crainte de « voir la droite pure et dure et l’extrême droite » l’emporter en Autriche, est à considérer comme une bonne nouvelle.

Que les partis « social-démocrate » et « conservateur », au pouvoir depuis la Seconde guerre mondiale, aient subi une déroute historique au premier tour, sur fond de morosité économique risque d’interpeller pas mal de monde en France par les temps qui courent.

Il ne pourra être dit, par ailleurs, que c’est une victoire obtenue avec un fort taux d’abstention puisque on a pu compter sur plus de 70% de participation.

Voilà un homme qui n’a eu de cesse de vouloir concilier l’environnement et le social : une double exigence, sans oublier l’économie. Aujourd’hui ce sont des hommes comme Nicolas Hulot en France qui ne manquent pas de dresser un réquisitoire implacable sur nos modes de consommation, sur les réductions indispensables que nous devrons effectuer si nous voulons survivre.

Quelques phrases clefs nous éclairent sur ces intentions réelles :

Nicolas Hulot n’a-t-il pas dit « La société dans laquelle on est, ressemble à une espèce d’avion de ligne où tous les voyants seraient au rouge dans le cockpit et ou à l’arrière on continue soit à boire le champagne soit éventuellement à se quereller »
Ou encore : « L’écologie est une magnifique occasion, peut-être même l’ultime occasion, de redonner du sens au progrès. L’écologie est aussi et surtout un problème culturel,le respect de l’environnement passe par un grand nombre de changements comportementaux. »

Alors qui sait ? Pour l’anecdote on notera qu’en 2008, Alexander Van Der Bellen s’était lui aussi présenté en candidat alternatif à une primaire des écologistes. Mais ne l’avait pas remportée. La présidentielle 2016 a donc pour ce candidat écologiste un petit air de revanche. A méditer, non ?

http://www.liberation.fr/…/autriche-l-ecologiste-alexander-…

Le débat doit se poursuivre ici et maintenant !

 

Via Dominique Macabeth

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