Le glyphosate autorisé pour 5 ans de plus dans l’Union Européenne
Ce lundi, ce devait être à un comité d’appel avec des représentants de chaque pays, à un plus haut niveau de trancher. Le sujet, le glyphosate, dégageant désormais un parfum de scandale deux mois avant l’expiration de sa licence, la suspicion ayant contaminé jusqu’à l’opinion publique .
En septembre, la défiance atteignait ainsi son paroxysme. Une ONG autrichienne, Global 2000, révélant, documents à l’appui, que de longs passages du rapport d’évaluation officiel sur la toxicité du glyphosate étaient parfaitement identiques au dossier déposé par Monsanto pour solliciter le renouvellement de son produit. Son surlignage coloré mettant en évidence une centaine de pages copiées-collées par les agences européennes rapporteuses.
Mais rien n’y fit.
La France certes a voté contre, mais l’Allemagne, la Pologne, la Roumanie et la Bulgarie, qui s’étaient tous les quatre abstenus lors du précédent vote, ont revu leur position ce lundi et voter pour la proposition de la Commission européenne…
Les Etats membres de l’UE, réunis au sein d’un comité d’appel, ont voté ce lundi en faveur d’une nouvelle autorisation pour cinq ans de l’herbicide controversé glyphosate, a annoncé la Commission européenne.
Dix-huit pays ont donc finalement voté en faveur de la proposition de l’exécutif européen, 9 s’y sont opposés et un pays s’est abstenu, permettant d’atteindre la majorité qualifiée requise, contrairement au vote précédent.
L’Allemagne, qui s’était abstenue au tour précédent, a voté pour, après avoir demandé des modifications au texte proposé en lien avec des restrictions sur l’usage privé du glyphosate et le respect de la biodiversité, selon une source proche du dossier, avec une pression de l’industrie chimique (dont Bayer qui doit fusionner avec Monsanto). Ce changement dans la position de l’Allemagne, un poids lourd démographique, a contribué à faire pencher la balance en faveur d’une nouvelle autorisation.
De quoi profondément agacer les écologistes. Puisque cette décision quelque peu surprenante à été motivée par des calculs de politique intérieure visant à exclure ces derniers de la prochaine coalition gouvernementale…
L’Allemagne n’a malheureusement pas été le seul Etat membre à avoir revu sa position depuis le 1er vote, le 25 octobre. La Pologne, la Roumanie et la Bulgarie, qui s’étaient toutes les trois abstenues, ont finalement voté pour une réautorisation du glyphosate pour cinq ans.
Ces basculements ont suffi pour que la proposition de la Commission européenne obtienne la majorité requise. Mais de justesse
. Pour être adoptée, elle devait obtenir l’adhésion de 55 % des Etats membres de l’UE représentant au moins 65 % de la population. « Les 18 pays qui ont voté « pour » ce jour représentent 65,71 % de la population de l’UE », indique-t-on dans l’entourage de l’eurodéputé social-démocrate Eric Andrieu.
« Le vote d’aujourd’hui montre que quand nous voulons, nous pouvons partager et accepter notre responsabilité collective dans la prise de décision », a réagi le commissaire européen à la Santé Vytenis Andriukaitis, cité dans un communiqué. Pas de quoi nous convaincre.