L’aéroport de Notre-dame-des-Landes ne verra pas le jour. L’avenir de la ZAD ? Une zone agricole durable.

Prochaine étape : L’AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

Le Premier ministre Edouard Philippe a confirmé, ce mercredi midi, l’abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, au nord de Nantes. Il a également annoncé que les occupants de la Zad devraient être partis d’ici le printemps.

Le sénateur écologiste Ronan Dantec se félicite, sur Twitter, de la décision du gouvernement.

Le sénateur écologiste de Loire-Atlantique Ronan Dantec salue « la décision courageuse » d’Édouard Philippe. Il appelle les élus du Grand ouest à se rassembler pour demander l’amélioration des liaisons TGV vers les aéroports parisiens.

« Je salue la décision courageuse du Premier ministre, Édouard Philippe, qui malgré les pressions, a choisi l’intérêt général en abandonnant le projet absurde et anachronique d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Cette décision répond aux enjeux de protection de l’environnement, à la fois sur le respect de la biodiversité exceptionnelle du site, la lutte contre l’effet de serre et le refus de l’artificialisation des terres agricoles. »

« Je souligne la vision précise développée par le Premier ministre pour l’avenir du Grand-Ouest et le transport aérien. Enfin, l’État propose une stratégie cohérente de mise en réseau des aéroports bretons (Rennes, Nantes et Brest) et rappelle que les long-courriers ont vocation à décoller d’Orly et de Roissy. C’est l’argumentation que nous développons depuis des années. Aussi, j’appelle les élus du Grand-Ouest, qu’ils aient été pro ou anti-NDDL, à se rassembler pour demander l’amélioration des liaisons TGV vers les aéroports parisiens (barreau de l’Essonne, aérogare TGV d’Orly…). »

« Cette décision ouvre la voie au retour à l’état de droit sur le territoire de Notre-Dame-des-Landes, ce que défendent les élus locaux et les principales associations d’opposants. Cette sortie de crise nécessite néanmoins un dialogue entre l’État, les élus et les associations locales. L’annonce du Premier ministre sur la restitution des terres agricoles est de nature à faciliter ce retour rapide à l’ordre public. J’appelle à la réouverture rapide des voies de circulation. »

« Plus généralement, il faudra aussi tirer des leçons de ce dossier ubuesque et d’un mode de décision publique inadapté. Information préalable complète, débat contradictoire, respect strict des contraintes environnementales, renforcement des contre-expertises indépendantes des maîtres d’ouvrage, doivent demain guider l’instruction des grands projets, pour éviter de reproduire les errements de ce dossier ».

« Sage décision » pour de Rugy. Le président de l’Assemblée nationale salue la décision du gouvernement.

A l’aéroport de Nantes Atlantique, les employés pensent déjà à l' »après » et aux travaux

« Une décision prise, enfin ! » déclare Gérard Allard, maire de Rezé (PS), ville voisine de l’aéroport Nantes Atlantique et survolée par les avions. Décision attendue donc sur « un dossier calamiteux qui a été mal géré depuis 45 ans ! » Le maire de Rezé se prépare à défendre l’intérêt de ses habitants. Il demande « l’adoption rapide d’un nouveau plan de prévention du bruit », ainsi que l’interdiction des vols de nuit.

Pascale Chiron (EELV) élue à la mairie de Nantes se dit « satisfaite »

« Je suis satisfaite. Je me suis battue contre ce projet. Ce projet pour moi est ancien et montrait une vision du passé. Le président actuel montre qu’il a pris une vraie décision politique concernant l’aménagement du territoire et d’un autre aménagement que celui des années 70. Je suis très contente que la lutte quotidienne des paysans ait eu une vraie résonance. L’évacuation de la Zad est inévitable. Il faut qu’elle se passe le mieux possible. L’affaire est loin d’être bouclée. On ouvre une nouvelle page de l’histoire de Nantes. Cet aéroport nous pourrit la vie. Personnellement, depuis que j’ai commencé la politique il y a quinze ans. Je reste très sereine et très respectueuse des uns et des autres car dans une décision, il y a toujours des déçus.

La Zad doit être évacuée car nous sommes dans un Etat de droit, mais cette évacuation doit se faire avec le moins de violence possible. Un signe fort serait d’enlever les chicanes, de dégager la route départementale. »

Je pense que c’est une opération à risque, je vais faire mon possible pour convaincre que l’on peut revenir à l’ordre public sans évacuation violente», a déclaré mercredi sur Franceinfo le député Matthieu Orphelin, un proche du ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot.

Cet élu écologiste souhaite que le gouvernement prenne le temps, pour éviter le terrible scénario de Sivens, avec la mort en 2014 du militant Rémi Fraisse. «Ça va prendre quelques semaines, il faut l’assumer».

Son collègue François-Michel Lambert, député LREM des Bouches-du-Rhône, est sur la même ligne. «Je redoute l’usage de la force». Pour mener l’évacuation, «il faut du temps, de la négociation», estime-t-il, plaidant pour la nomination d’un «haut fonctionnaire en charge de bâtir la transition sur le territoire».

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«Il ne faut surtout pas aller chercher le drame», souligne l’élu, favorable à ce que certains puissent rester sur la Zad. La question sensible de l’évacuation de la Zad a d’ailleurs été évoquée mercredi matin lors de la réunion organisée par la députée LREM Brigitte Bourguignon, dans le Salon Mansart à l’Assemblée nationale.

Une trentaine de députés sensibles à la question sociale se sont une nouvelle fois retrouvés autour de la présidente de la commission des Affaires sociales.

«Cette évacuation sera forcément violente, ce ne sera pas simple», affirme de son côté le député LREM du Morbihan Paul Molac. «Tout doit être fait pour éviter les violences», abonde Guillaume Vuilletet, député LREM de l’Oise et transfuge d’EELV. «Mais je fais confiance aux forces de l’ordre.»

« En abandonnant définitivement le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, la préservation de la biodiversité et la lutte contre le changement climatique prennent l’avantage sur les projets du passé », a commenté la Fondation pour la nature et l’homme (FNH, ex-fondation Hulot) dans un communiqué. « Gageons que cette issue, après 50 ans de tergiversations, nous amène à tourner la page de l’ère des grands projets inutiles », a-t-elle ajouté, estimant que « l’histoire de Notre-Dame-des-Landes devra servir de leçon ».

« Nous espérons que ça ouvre une nouvelle ère qui va questionner les projets qui sont dans les cartons depuis des années mais qui ne correspondent plus au nouveau modèle de développement que nous devons inventer, pour par exemple mettre en oeuvre l’Accord de Paris sur le climat », a de son côté déclaré Pascal Canfin, directeur de WWF.

Cécile Duflot s’est félicitée de la décision. Idem pour Yannick Jadot, déclarant que cette décision « récompense des années de résistance locale, d’expertise citoyenne et de mobilisation nationale ».

La députée, anciennement membre d’EELV, Barbara Pompili s’est félicitée d’être « inscrite dans cette nouvelle majorité », « Là [Emmanuel Macron et Edouard Philippe] ont fait un choix, qui en plus est un choix qui me va bien », a-t-elle expliqué sur LCP.

Le député Eric Coquerel a lui aussi qualifié le choix du gouvernement de « grande victoire », que ce soit « pour les opposants, pour l’environnement, pour l’intérêt général contre l’intérêt particulier de groupes type Vinci », a-t-il tweeté.

« L’abandon, on l’a, l’arrêt de la DUP (déclaration d’utilité publique, ndlr), on l’a », commente, souriant, Julien Durand, porte-parole de l’Acipa et l’un des doyens de la lutte contre l’aéroport.

Le mouvement anti-aéroport dans son ensemble a salué dans un communiqué « une victoire historique », obtenue « grâce à un long mouvement aussi déterminé que divers ».

« Pour moi, c’est un grand soulagement. C’est la décision qu’on attendait depuis très longtemps. On l’attendait quand même avec un peu d’inquiétude car on a été échaudé à plusieurs reprises », déclare Claude Colas, autre figure du mouvement anti-aéroport et l’un des neuf co-fondateurs de l’Acipa en 2000, au moment de la relance du projet d’aéroport par le gouvernement de Lionel Jospin.

« Aujourd’hui, il reste l’avenir de la ZAD. On attend que le gouvernement nous laisse le temps de nous organiser, qu’il accepte de négocier dans le sens d’une zone expérimentale pour l’agriculture », ajoute-t-il.

Les anti-NDDL se sont engagés auprès du gouvernement à « résoudre » eux-mêmes le problème « épineux » de la route départementale 281, entravée depuis cinq ans par des barricades diverses, et de la rendre à la libre circulation des véhicules.

Pour la suite Hervé Kempf dit avec intelligence ce qui va se passer et pourquoi.

C’est une excellente nouvelle ! A commencer pour la préservation de ce lieu magique – de bocages, de zones humides, de champs, de bois, de lumière…Mais NDDL est aussi un territoire où vivent des gens ordinaires, très attachants, que cette lutte exemplaire, qui dure depuis plusieurs décennies, a rendus forts, tenaces. L’abandon du projet de l’aéroport est le résultat de cette mobilisation humaine magnifique, et la victoire, au demeurant pacifique, d’une vision du monde, plus écologique, face à celle d’un ancien monde qui ne rêve que croissance et artificialisation.

NDDL était devenu un symbole de l’opposition entre deux mondes. D’une part, le monde de celles et ceux qui rêvent d’avions, de voitures, de parcs de loisirs, d’autoroutes comme si la question du changement climatique n’existait pas, et de l’autre, le monde de celles et ceux qui sont les « vrais » modernes et savent qu’on ne peut plus imaginer le destin humain sans le penser par rapport au climat, à l’écologie, à la biosphère.

 

Le Premier ministre n’est pas devenu miraculeusement opposé à la croissance, au développement aérien. Mais faisons bien la différence entre le discours et le fait. Le discours est celui d’Edouard Philippe, qui reste tout à fait

 

cohérent avec sa vision du monde et cette contradiction du capitalisme actuel qui consiste à croire qu’on peut résoudre la question écologique sans toucher fondamentalement au système économique. Le fait concret, c’est que le gouvernement a dû abandonner le projet d’aéroport de NDDL. Une bataille est finie. Ce n’est pas la victoire définitive. Mais dans quel état d’abattement serions-nous aujourd’hui si ce projet avait été confirmé ? Cela voudrait dire que toutes les autres luttes, tous les autres espoirs, auraient été à nouveau foulés aux pieds et qu’on continuerait dans le grand délire dont Trump est le représentant aux Etats-Unis…

On ne peut pas demander à Edouard Philippe de défendre une vision de l’utopie, de la sobriété et d’autres types de relations humaines ! Mais j’ai trouvé son ton mesuré. La circulation doit revenir sur les routes, a-t-il dit. En fait, la circulation marche très bien sur les routes de la zone de NDDL, sauf sur la D281 qu’on appelle la route de la chicane, qui est une route étroite et qui n’a jamais été un grand axe de circulation. J’étais sur place il y a une dizaine de jours et j’ai eu l’impression que tout le monde ou presque était d’accord pour rouvrir cette route.

Le Premier ministre a aussi annoncé que les habitants illégaux devraient partir d’ici le printemps. C’est une bonne nouvelle. Ça veut dire que les quelque milliers de gendarmes et CRS qui sont remontés autour de NDDL ne vont pas envahir cette zone. On va donc prendre le temps de réfléchir, de parler avec celles et ceux qui vivent ici, qui y ont créé une activité, qui font de la culture, de la boulangerie, une belle bibliothèque, un atelier bois… et qui ont contribué à la décision d’Emmanuel Macron et Edouard Philippe !

Le député européen écologiste José Bové, ancien leader de la Confédération paysanne, suggère « une gestion collective de l’usage du foncier », sur le modèle de ce qui a été fait dans le Larzac à l’issue du combat historique dont il fut le chef de file.

Sa collègue Michèle Rivasi promeut « une terre d’inspiration et d’espoir, nourrie par l’idée des biens communs, les solidarités et le soin du vivant ».

 

Du côté de la FNSEA, Joël Limousin, vice-président national, basé en Vendée, est clair : « il n’est pas question de mettre cette zone sous cloche. Ces terres doivent retrouver une activité de production agricole. L’agriculture française est engagée dans une démarche de durabilité, de biodiversité, de respect de l’environnement. C’est ce qui doit être pratiqué dans cette zone, selon les règles d’aujourd’hui. Et pas une agriculture des années 50 ou je ne sais quelle expérimentation. Faisons confiance aux organisations agricoles, qui sauront y installer des jeunes. »

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