hommage à Jean ROGER
Jean ROGER, militant associatif, syndical et politique bien connu à Fontenay-sous-bois est mort en ce début d’année 2013 après plusieurs mois d’un combat courageux contre la maladie.
C’est à l’ami et pas seulement au militant que je veux rendre ici hommage, et, pour moi comme pour tous ses amis fontenaysiens qui partagent une peine immense, ces deux aspects de la personnalité de Jean sont indissociables après trois décennies de complicité.
Avec quelques autres, c’est dans le combat contre le racisme au sein du comité SOS Racisme de Fontenay que j’ai connu Jean. Nous avons ensuite participé ensemble à différentes aventures collectives dans lesquelles il a toujours tenu un rôle moteur. Aux élections municipales de 1995, ce fut FDSE (Fontenay démocratie, solidaire et écologiste) dont il était la tête d’une liste paritaire (avant la loi sur la parité) et riche de sa diversité ; le suffrage en fit un conseiller municipal actif et présent qui tint l’engagement de céder sa place à mi-mandat comme notre programme électoral le prévoyait. En 2001, il fut encore l’un des animateurs de la liste Alternative citoyenne à Fontenay dont le résultat ne nous permit pas d’être présents au second tour et de revenir au Conseil municipal. Par la suite, nous n’avons pas tous tiré les mêmes leçons des ces expériences. Comme quelques-uns de nos colistiers, Jean choisit d’adhérer au Parti socialiste D’autres, dont je suis, firent des choix différents sans que cela n’atteigne en rien les liens qui unissaient ce groupe d’amis, notre « ligue dissoute sans cesse reconstituée ».
Le militantisme, tel que Jean le pensait et le pratiquait, ne se limitait pas aux débats d’idées et aux combats électoraux, Jean croyait aussi à la nécessité d’agir au quotidien, sur le terrain, sur différents fronts pour faire avancer les choses même à petits pas. C’est ainsi que nous avons créé en 1996 une CIGALE, club d’investissement solidaire, FIDELIS, qui nous permit 10 ans durant d’aider financièrement des entreprises et de favoriser des créations d’emplois là où le système bancaire rechignait à s’engager. Des résultats concrets, l’action de Jean en a atteints aussi au sein de l’Union locale CFDT de Fontenay et au sein du SNAPC CFDT (Syndicat national des artistes et des professionnels de l’animation, du sport et de la culture) où il contribua grandement à la négociation de deux conventions collectives, auprès des salariés qu’il conseillait et accompagnait dans des procédures aux Prud’hommes, auprès des sans-papiers qu’il recevait et assistait régulièrement dans le cadre de l’ASSOUEVAM (Association de soutien aux étrangers du Val de Marne). Infatigable défenseur de ses principes, Jean contribua il y a quelques mois à créer l’association Fontenay Laïcité.
Toutes ses activités n’auraient pas eu le même sens et n’auraient pas laissé les mêmes traces si son engagement massif et efficace avait été vécu dans la seule rigueur militante. Si Jean était fidèle à ses valeurs – l’antiracisme, la justice sociale, la solidarité, la laïcité, la démocratie, le pluralisme -, il ne vivait pas cela comme un devoir austère, mais comme une façon d’être dans sa vie et dans son rapport aux autres, sa famille à commencer bien sûr par sa femme, leurs deux filles et leurs petits-enfants, ses amis nombreux et variés, et aussi ceux qu’ils croisaient au cours de toutes ses actions.
Nous, ses amis, ne l’avons pas seulement côtoyé dans des actions militantes, nous avons aussi et surtout partagé avec lui des repas, de bonnes bouteilles, des débats (oh combien animés !), des rigolades nombreuses et, pour quelques-uns, de multiples matchs de tennis où il n’était pas moins accrocheur que dans ses pratiques militantes. Tout au long de ces années, des liens d’estime, de confiance et d’amitié se sont construits. Aucun désaccord syndical ou politique n’y a jamais porté atteinte car le respect réciproque des convictions de chacun était et demeure une règle admise par tous.
Comme bien d’autres, je suis aujourd’hui profondément attristé d’avoir perdu cet ami dont la haute stature, la grosse voix, la grande gueule même, les analyses souvent pointues, les arguments généralement fondés et parfois discutables, les traits d’humour, les bons mots iconoclastes, les exagérations provocatrices, le service de gaucher, le dynamisme, l’optimisme et l’amour de la vie nous manqueront tant. « Quand l’un d’entre nous manquait à bord, c’est qu’il était mort » chantait Brassens dans Les copains d’abord. Mais, nous sommes aussi heureux de l’avoir connu et fréquenté, nous sommes fiers d’avoir été l’un de ses amis.
Dominique Glaymann,
membre de la Coopérative Europe Ecologie Les Verts de Fontenay-sous-bois