Hommage à Dominique
Nous voici arrivés au terme de cette journée durant laquelle nous avons souhaité manifester à Dominique et à sa famille notre affection
Nous ressentons comme une grande injustice. Quelques mois seulement après avoir arrêté de travailler, tu es tombé malade, et tu n’as pas pu profiter pleinement de ta retraite. Et, pourtant, comme bien d’autres, tu la méritais. D’emblée, il a fallu te battre contre la maladie. Et tu t’es battu. Courageusement. Tu as accepté des protocoles de soins expérimentaux et encore une nouvelle molécule vers la fin. Tu as espéré et nous avons espéré avec toi, même si ces derniers mois, ces dernières semaines lorsque nous sommes venus te rendre visite à l’hopital nous sentions que le dénouement risquait d’être malheureusement très proche.
Tu étais écologiste depuis ta jeunesse dans les années 70, dans un temps où vous n’étiez pas très nombreux, où ce n’était pas la mode, quand le mot ne faisait pas partie du vocabulaire dominant. Tu avais milité avec le journal La Gueule Ouverte, une des premières publications écologiste, libertaire et radicale, dans le sillage de la candidature à l’élection présidentielle du fontenaysien René Dumont en 1974. Dominique n’a cessé de nous relancer et de relancer la municipalité pour qu’il y ait une notice bibliographique sur René Dumont à l’entrée du parc des Carrières René Dumont. C’était un peu de son histoire, un peu de ses racines.
Déjà malade, il s’était rendu sur place et avait pris une photo pour vérifier que le texte était bien celui qui avait été convenu.
Dominique avait rejoint l’aventure d’Europe Ecologie Les Verts vers 2010 à Fontenay. Il a participé à tous nos débats, il s’intéressait même parfois aux débats de courants dans le parti, quand ils parlaient de tactique ou de projet. Car, c’était un passionné de l’écologie politique et il en connaissait profondément l’histoire.
Mais Dominique ne souhaitait pas être un militant de parti. Il tenait trop à sa liberté de parole, cette parole qu’il répandait inlassablement sur les réseaux sociaux. Pour le Facebook du groupe eelv de Fontenay, qu’il a géré jusqu’à la fin, il était toujours en recherche constante de textes et d’arguments sur internet. Des textes quasiment toujours en relation avec l’écologie politique, parfois un peu longs. Dominique connaissait bien le fonctionnement des réseaux sociaux mais jamais, il ne s’est astreint à faire court et nous nous en amusions avec lui.
C’était un inlassable débatteur et jamais il ne renonçait à polémiquer, notamment sur le Forum du Plateau, sous un pseudo que tout le monde avait fini par démasquer, Libellule, mais toujours dans le respect de l’autre et sans agressivité.
Avec sa personnalité originale, il n’a cessé de porter la parole de l’écologie et nous l’en remercions chaleureusement.
Ce qui caractérisait également Dominique, c’était son attachement si profond à Fontenay et à son identité. Une ville qu’il n’habitait que depuis un peu plus d’une dizaine d’années mais dont il était tombé littéralement amoureux. Il s’émerveillait des noms de rues de la ville, notamment ceux du grand ensemble. Il y décryptait l’histoire de la ville et son attachement aux valeurs de solidarité. Il était très soucieux de voir se poursuivre l’action de l’équipe municipale. Il était à la fois profondément écolo, mais également très attaché aux maires qui se sont succédés que ce soient Jean-François Voguet ou Jean-Philippe Gautrais bien que n’étant pas de la même sensibilité politique .
Sachant qu’il allait bientôt partir en retraite, et pensant avoir plus de temps à consacrer à sa ville d’adoption, il a exprimé le souhait de nous rejoindre, comme candidat sur la liste Fontenay pour Tous, et a été élu en 2014. Conseiller délégué à la recherche de subventions. Son métier de contrôleur de gestion, le prédisposait à s’intéresser aux questions budgétaires et a prononcé les interventions du groupe EELV sur le budget de la ville jusqu’à l’an dernier.
Dominique ne cessait d’écrire, pour le Forum du Plateau, pour facebook, pour la tribune municipale ou pour nos interventions en Conseil Municipal. C’était souvent le premier à réagir aux propositions des autres élu.e.s, et parfois le seul.
Dominique écrivait vite. On pouvait avoir un texte dans les dix minutes. Dominique écrivait long. Il fallait couper ou lui dire de couper, parfois jusqu’aux 3/4 pour que cela tienne dans l’espace d’une tribune ou que cela soit adapté à une intervention en Conseil Municipal. Nous passions parfois plus de temps à réduire ses textes que lui à l’écrire. Mais nous nous en amusions.
Dominique tenait à sa liberté de parole, je l’ai dit, mais il tenait aussi à l’unité du groupe des élu-es EELV et il faisait tout pour qu’elle soit maintenue.
Malade, il était quasiment absent physiquement mais il a continué, jusqu’à il y a quelques semaines, à écrire pour le groupe écologiste, parfois à s’inviter par téléphone à nos réunions de groupe. Il était venu voter en préfecture pour les sénatoriales. Sa dernière intervention en Conseil a été lue par Marc Brunet. Après les cyclones de Saint Martin et les incendies de Marinha Grande, elle concernait le changement climatique.
Réellement passionné par notre ville et chercheur inlassable, Il avait écrit une histoire de Fontenay et souhaitait qu’elle soit publiée. Souvent, il faisait le parallèle entre la Métropole et l’absorption des villages de Belleville, Ménilmontant, Charonne par Paris sous le Second Empire. Fontenay deviendra un arrondissement de Paris, vous verrez disait-il. Et cela ne lui plaisait guère. Il militait sans relâche pour que Fontenay profite de son propre développement économique.
4 jours avant son décès, il a eu un échange téléphonique sur les photos et légendes de son livre sur l’histoire de Fontenay avec le service communication. « Faites pour le mieux » leur a-t-il dit.
Merci, Dominique, d’avoir croisé notre route et d’avoir fait ce bout de chemin avec nous. Les écologistes de Fontenay garderont un souvenir ému de ta présence parmi eux. Nous ne t’oublierons pas.