EELV dénonce la décision de Donald Trump sur le climat

Retrait des États-Unis de l’Accord de Paris : une décision à rebours de l’urgence climatique
Donald Trump a donc décidé : décidé de tourner le dos à ses partenaires internationaux, décidé de mettre de côté la protection du climat et donc de mettre en danger plusieurs générations d’êtres humains, à commencer dès à présent par sa propre population, sujette à des catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes et intenses.

En décidant de sortir de l’Accord de Paris, le Président des États-Unis confirme ses terrifiantes promesses ainsi que la politique mise en œuvre depuis son arrivée à la Maison blanche : le détricotage des lois environnementales qui comprend la fin du moratoire de forages dans les zones maritimes, la remise en marche du projet d’oléoduc du Dakota, la réduction du budget de l’Agence américaine de protection de l’environnent, et bien d’autres retours en arrière, ainsi que le souhait exprimé par l’administration Trump de mettre également à mal les traités internationaux de préservation de la biodiversité.

Donald Trump sacrifie l’intérêt général pour satisfaire les intérêts financiers de quelques uns.

Ce retrait est une décision gravissime qui vient renforcer les craintes liées au dérèglement climatique.

Selon le GIEC, nous sommes sur la trajectoire d’un réchauffement global de plus de 6 degrés d’ici à 2100, entraînant de graves conséquences : la France, notamment ses territoires ultra-marins, disparaîtrait en partie sous la montée des eaux, le réchauffement des villes pourrait dépasser les 8°C.

La France et l’Europe doivent prendre leurs responsabilités. C’est tout d’abord pérenniser l’Accord de Paris et continuer à travailler pour qu’il soit ratifié et appliqué par tous les États qui s’y étaient engagés.

En France et en Europe, nous devons réhausser nos objectifs de réduction d’émission de gaz à effet de serre et revoir la loi de transition énergétique ainsi que nos engagements européens. Il faut sortir réellement des énergies fossiles, en mettant fin aux projets d’extraction pétrolière et minière, en premier lieu en outre-mer et en mer, mettre en place une taxe carbone et limiter l’importation de produits intenses en carbone, ou encore déployer un plan d’action contre le méthane dans l’agriculture.

L’Union européenne pourrait déployer une coopération renforcée avec l’ensemble de la société civile américaine, entreprises, scientifiques, associations, afin qu’elle puisse accroître ses actions de lutte contre le changement climatique.

Europe Écologie Les Verts appelle le Président de la République et le Ministre de la transition écologique et solidaire à agir, et à engager rapidement la France sur la voie d’une action renforcée contre les émissions carbone : le changement climatique n’attend pas.

Analyse de Yannick Jadot

Les atermoiements de Trump face à l’accord de Paris semblaient ne jamais finir. La décision, qui devait être annoncée le 9 mai lors des négociations de préparation de la COP23 à Bonn avait été repoussée au G7, puis à l’après-G7. Les États-Unis vont-ils, ou non, sortir de l’accord de Paris sur le climat ?

Après des semaines de suspense insupportable, le Président américain climatosceptique a tranché : le second pollueur mondial (5,4 milliards de tonnes émises en 2015) soit 15% des émissions mondiales, a décidé de faire sortir les États-Unis de l’accord de Paris, signé en 2015 pour faire face au dérèglement climatique mondial. Pour Yannick Jadot, député européen et porte-parole climat du groupe des Verts/ALE

» La communauté internationale doit se préparer à des années difficiles avec deux climato sceptiques à la tête de deux grands états pollueurs : les États-Unis et la Russie, dont le déni climatique doit moins à des doutes scientifiques qu’à la défense acharnée des énergies fossiles pétrole, gaz et charbon.

Le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris aura des conséquences indéniables sur la dynamique de la négociation comme sur les financements au bénéfice des pays du Sud. Le risque le plus grand étant que la négociation internationale laisse la place à la mise en scène des actions salutaires engagées par les acteurs non-étatiques : collectivités locales, entreprises, associations, citoyens…

Si salutaires soient-elles, y compris aux États-Unis, ces actions ne sont pas en mesure aujourd’hui d’infléchir suffisamment la tendance actuelle à un réchauffement de 3 à 4°C de la planète, tel qu’il résulte de la faiblesse des engagements étatiques pris à Paris.

Face à cette décision historiquement irresponsable du Président Trump, le moment est venu pour l’Union européenne de sortir de son rôle de « partenaire stable » en réoccupant sa position de leadership en matière de négociations climatiques internationales, en collaboration étroite avec la Chine

. Elle-seule a la capacité d’engager une dynamique de négociation ambitieuse, aussi bien au niveau des engagements financiers en faveur des pays du Sud, que la hausse des ambitions des États dès 2018 et l’importance de financer l’adaptation et l’atténuation avec la même exigence. Gage de son engagement, l’UE doit rehausser significativement ses propres objectifs climatiques et de transition énergétique pour 2020, 2030 et 2050.

Le rôle de la France sera clé. Première occasion pour Emmanuel Macron, Président fraichement élu, de prouver sa volonté d’une diplomatie forte pour la France, dont l’une des réalisations principales de ces dernières années est menacée.

Un test aussi pour les objectifs nationaux en la matière alors que la France est à la peine dans la réalisation de ses objectifs en matière d’énergie renouvelable pour 2020.

La négociation internationale des États n’est pas une foire des actions engagées par d’autres ni une succession de discours emphatiques mais creux. Seules les politiques nationales et européennes en sont les garants.

Ce n’est pas seulement impératif pour le régime climatique international, c’est une opportunité formidable pour l’économie et l’emploi en France et en Europe. »

Qui plus est, les élu-es du groupe Europe-Ecologie les Verts et Apparentés du Conseil régional d’Île-de-France, tiennent à dénoncer l’attitude criminelle de M. Trump qui vient de se désengager de l’Accord de Paris. Pour les écologistes, ce retrait est un contre-sens historique gravissime, un acte symbolique dangereux qui aura des effets à long terme et qui donne un feu vert coupable à la possibilité pour les entreprises et les Etats de polluer en toute impunité. A l’heure où les réfugiés climatiques se multiplient, où les conflits liés aux problèmes de ressources sont avérés, où la science a prouvé et re-prouvé que le réchauffement climatique est loin d’être une lubie, il est plus que temps d’agir à tous les niveaux et sur tous les territoires pour que la destruction de notre environnement ne soit pas une tendance inéluctable.

Plus que jamais, les élu-es régionaux tiennent à adresser un message spécifique à l’ensemble des pays signataires de l’Accord de la COP 21 pour les inviter à maintenir leurs engagements et à les amplifier. Les territoires tout autant que les associations et même les entreprises aux Etats-Unis comme ailleurs doivent poursuivre leur résistance aux attitudes climato-sceptiques, en paroles comme en actes.

Au Conseil régional d’Île-de-France, les écologistes demandent à Mme Pécresse, Présidente, de prendre la mesure des conséquences de la décision des Etats-Unis et – en actes – de tout faire pour en contrer les effets, notamment en améliorant les financements pour la coopération inter-régionale contre le réchauffement climatique. Ils demandent que soient augmentés substantiellement les budgets et actions liés à la protection de l’environnement, à la lutte contre les pollutions, dans le secteur de l’écologie, mais également de manière transversale, sans laisser de côté la responsabilité environnementale des entreprises et en protégeant la conservation des normes environnementales.

Ils tiennent également à rappeler à Mme Pécresse qu’elle a voté contre un amendement écologiste qui demandait le désinvestissement carbone de la Région (Budget 2017) et qu’il n’est plus tolérable de considérer que les critères écologiques seraient destructeurs d’emplois quand la transition écologique est en réalité créatrice d’emplois nouveaux. Les écologistes demandent à la Présidente de faire de la Région Île-de-France un modèle de la transition énergétique.

La position de Nicolas Hulot :

S’il dénonce « une forme d’injure à l’avenir » le ministre de la Transition écologique et solidaire assure que l’accord de Paris « n’est pas mort ».

« Non, l’accord de Paris n’est pas mort. » S’il a condamné la décision de Donald Trump de se retirer de l’accord sur le climat, Nicolas Hulot a par ailleurs souligné des signes positifs. « Il y a peut-être quelque chose de positif qui sort de cette décision ». « Je pense qu’il y a un axe autour de la solidarité universelle qui va se créer. Peut-être un axe inattendu entre l’Europe, la Chine, l’Inde y compris aux Etats-Unis. » Pour preuve, les Etats de New York, Californie et Washington ainsi que plusieurs villes, comme Pittsburg, ont annoncé jeudi qu’ils formaient une « alliance pour le climat » malgré la décision du président américain.

« Réviser nos ambitions à la hausse. » Et face au retrait des Etats-Unis de l’accord sur le climat, la France ne compte pas baisser les bras : « Plutôt que de baisser nos ambitions, nous allons nous-mêmes les réviser à la hausse et je pense que l’on va entraîner dans notre sillage, nombre d’Etats. C’est un cas isolé. »

« Un message d’une violence inouïe. »

Nicolas Hulot a toutefois condamné « un message d’une violence inouïe ». « C’est un message d’une violence inouïe qui est envoyé à ces millions d’hommes, de femmes et d’enfants qui chaque année, à cause des conséquences des changements climatiques, sont obligés de quitter leur territoire. C’est un message d’une violence inouïe aux familles de ceux et celles qui, par millions, meurent chaque année de la pollution due à l’utilisation des énergies fossiles. C’est un message d’une violence inouïe aux générations futures. »

« Tourner le dos aux faits ne les empêchera pas de nous rattraper », prévient-il avant d’ajouter : « Ce n’est pas l’avenir de la planète qui est en train de se décider, c’est l’accomplissement de l’humanité, ce sont les conditions d’existence de l’humanité. Ce n’est pas un petit sujet. (…) La science a validé ce diagnostic. »

« L’Histoire n’est jamais amnésique. »

Nicolas Hulot redoute par ailleurs les conséquences que cette décision pourrait avoir : « Le cynisme de l’instant peut provoquer l’intégrisme de demain. L’Histoire n’est jamais amnésique et là, c’est la grande Histoire qui est en train de se déterminer. » Donald Trump estime lui, que cela n’aura pas d’impact sur le climat. « Une négation vis-à-vis de la science ».

Les États-Unis se retirent donc de l’accord de Paris malgré l’urgence climatique

Le président américain Donald Trump a annoncé le retrait des États-Unis de l’accord de Paris, engagement international de lutte contre le réchauffement climatique, jeudi 1er juin. Ce, alors même, d’après l’Organisation météorologique mondiale, que 2016 fut l’année la plus chaude … depuis 1880

Quelques rappels utiles

En février dernier, une très grave sécheresse frappe la Somalie, trois millions de personnes sont menacées de famine. Le président Mohamed Abdullahi Mohamed parle de « catastrophe nationale » et appelle à l’aide la communauté internationale.

Au même moment, à des milliers de kilomètres, le nord-est brésilien se débat lui aussi ; la région connaît alors la pire sécheresse depuis un siècle, l’acheminement de l’eau devenant un casse-tête pour les autorités.

Nigeria, Soudan du Sud, Yémen, Chine, depuis le début de l’année, on ne compte plus les pays du monde frappés par des phénomènes extrêmes, sécheresses aiguës, mais aussi pluies torrentielles, tempêtes ou submersions marines.

Si le réchauffement climatique n’est pas seul en cause, il concourt à ces catastrophes, en augmentant la probabilité qu’elles surviennent. Les scientifiques sont donc inquiets, mais pas surpris.

Dès les années 1970, les premières études sur le climat – avant même la création du Giec, groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, en 1988 – annoncent les phénomènes que nous ne cessons plus d’observer : fonte des glaces, réchauffement des océans, multiplication de vagues de chaleur, etc.

Dans son rapport 2014, le Giec souligne que le réchauffement climatique est « sans équivoque » ; depuis lors, la responsabilité de l’homme dans ces dérèglements, du fait des émissions de gaz à effets de serre, est aussi clairement établie.

En Antarctique, la couche de glace atteint un record d’étendue minimale

Dans ce contexte, la décision de Donald Trump sur l’accord de Paris apparaît évidemment cruciale. Car l’année 2016, n’a pas démenti les tendances scrutées avec inquiétude depuis 40 ans.

D’après l’Organisation météorologique mondiale, ce fut l’année la plus chaude jamais enregistrée depuis les premiers relevés en 1880, avec une température moyenne supérieure de 1,1 °C par rapport à l’ère préindustrielle. À ce jour, notre siècle a déjà connu 16 des 17 années les plus chaudes…

Quant à 2017, les premiers indicateurs sont tout aussi alarmants – cette fois, sans l’influence d’El Nino, qui a accentué le réchauffement de 2016, précise l’OMM.

Dans son compte rendu de mars dernier, l’organisation détaille ses observations, thème par thème. Et le bilan est sombre. « La température de la surface de la mer (…) a été la plus élevée constatée », commence l’OMM. L’Arctique a poursuivi son réchauffement spectaculaire : au plus fort de la saison hivernale, l’étendue des glaces recouvrant cet océan a atteint son niveau le plus faible.

Quant à l’Antarctique, les dernières mesures effectuées interpellent : d’après Météo France, en mars dernier, la couche de glace entourant ce continent a atteint un record d’étendue minimale, même s’il est encore trop tôt, pour en tirer des conclusions définitives.

Conséquence de la dilatation thermique des océans, de la fonte des glaciers et des calottes glaciaires, le niveau des mers a continué à monter. Depuis le début du XXesiècle, il s’est élevé de 20 cm. Le phénomène, que l’on pensait graduel, semble en outre s’accélérer, s’alarment les États insulaires, notamment les îles Fidji, qui prendront bientôt la présidence de la Cop 23.

Un effort massif pour espérer contenir le réchauffement sous les 2 °C

Autre événement saillant de 2016 : les vagues de chaleur, impressionnantes en plusieurs points du globe, Asie, Moyen-Orient, Amérique du Nord, Afrique australe. Les stations météo ont relevé des records : il a fait 51 °C à Phalodi, dans l’État du Rajasthan en Inde, 53 °C à Delhoran, en Iran, 54 °C à Mitribah, au Koweït…

En Europe, le mercure est monté à plus de 45 °C à Cordoue, dans le sud de l’Espagne, tandis qu’« une vague de chaleur tardive a touché de nombreuses régions d’Europe centrale et occidentale » en septembre 2016, souligne l’Organisation météorologique mondiale. Quant aux États-Unis, « ils ont pulvérisé ou égalé à eux seuls 11 743 records de chaleur en février », poursuit-elle, citant les données de l’administration américaine pour les océans et l’atmosphère (NOAA).

Certes, depuis trois ans, les émissions mondiales de CO2, le principal gaz à effet de serre, semblent se stabiliser. Mais sa concentration dans l’atmosphère reste très élevée, à 400 parties par million en 2015, là encore un record. Les experts le savent : il faudra un effort massif de réduction de ces gaz pour espérer contenir le réchauffement sous les 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle, comme le prévoit l’accord de Paris.

Or les engagements pris par les États signataires ne sont pas à la hauteur des enjeux – pour l’instant du moins. Dans le cadre de la Cop 21, de décembre 2015, chaque pays s’est en effet fixé un objectif de baisse de ses émissions nationales, avec l’idée de rehausser l’ambition en 2020.

La France, par exemple, prévoit une réduction de 40 % entre 1990 et 2030 (et les diviser par quatre à l’horizon 2050). Le risque est grand, et plus encore en cas de retrait américain, que la dynamique soit trop timide pour limiter le réchauffement.

« Le temps est compté, rappelle David Levaï, directeur du programme climat à l’Iddri, l’Institut du développement durable et des relations internationales. Les enjeux climatiques sont une course contre la montre ».

« Au-dessus de 2 °C de réchauffement moyen, rappellent de leur côté Pascal Canfin et Peter Staime (2), les impacts sur notre environnement et sur les activités humaines seront catastrophiques : pertes massives de rendements agricoles, catastrophes climatiques (cyclones, tempêtes, etc.), plus fréquentes et plus intenses, extinction en masse d’espèces végétales et animales, hausse du niveau de la mer »

Certaines projections évoquent la disparition pure et simple de certains petits États insulaires. Le risque d’atteindre 3 ou 4 °C de réchauffement à la fin du siècle n’a rien de farfelu. « Les conséquences seraient extrêmement graves », confirme la climatologue Valérie Masson-Delmotte, co-présidente d’un des groupes du Giec, instance dont le prochain rapport de synthèse est attendu en 2021-2022.

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