Combat contre l’esclavage en Mauritanie
Voeu présenté par le Groupe Ecologie les Verts en faveur du combat contre l’esclavage en Mauritanie
En juillet 2018, le président de la république française, Monsieur Emmanuel Macron se rendra au sommet de l’union africaine qui se tiendra à Nouakchott en Mauritanie.
Selon plusieurs sources, les échanges lors de l’entretien bilatéral avec le président mauritanien, Monsieur Mohammed Ould Abdel Aziz se porteront sur la coopération entre les deux pays et le rôle du G5 sahel dans la lutte contre le terrorisme au Sahel ainsi que des questions régionales et internationales d’intérêt commun. Nous saluons cette initiative qui est une bonne chose.
Néanmoins, il est difficile de fermer les yeux sur le fait que selon Amnesty International, ce pays, qui a définitivement aboli l’esclavage le 9 novembre 1981[1] compte encore aujourd’hui 43 000 captifs Harratines. Les Harratines, sont les descendant-es d’esclaves exclusivement noirs.
La ville de Fontenay-Sous-Bois depuis le 10 mai 2006, date de la première commémoration de l’abolition de l’esclavage en France métropolitaine n’a de cesse d’informer, d’interpeller et de dénoncer sur l’horreur de ce qu’a été l’esclavage lors de la traite négrière transatlantique, ses conséquences actuelles et le retour de ce commerce que l’on croyait révolu.
En Mauritanie, la société civile se mobilise, les choses avancent. En 2013, un manifeste pour les droits politiques économiques et sociaux des Harratines a été lancé. Cette même année, le prix des droits de l’homme de l’ONU a été attribué au président de l’IRA, une association mauritanienne anti-esclavagiste. En 2015, le parlement mauritanien pénalise de 10 à 20 ans de prison les maîtres et complices d’esclavage, désormais reconnu comme crime contre l’humanité.
Cependant, les associations dénoncent la mauvaise foi et le manque de coopération des autorités locales et nationales dans l’application de ces lois. Preuve en est la résolution votée en octobre 2016 par la Commission africaine des droits de l’Homme condamnant l’Etat mauritanien pour « connivence avec les milieux esclavagistes ».
Cette problématique est d’ailleurs bien connue dans notre ville. L’association des Harratines de Mauritanie en Europe ( A.H.M.E) est venue à deux reprises en 2013 et en 2018 lors du festival un passé trop présent situé à l’hôtel de ville pour nous faire état de la situation.
Les Harratines ont encore manifesté le samedi 29 avril 2017 dans les rues de Nouakchott pour fêter le quatrième anniversaire du Manifeste Harratines. Ils/elles réclament la fin des discriminations dont ils s’estiment toujours victimes.
Aujourd’hui, L’A.H.M.E nous demande de les aider à interpeller le président de la République Française pour qu’il plaide la cause des victimes Harratines qui souffrent de l’esclavage. Il est primordial d’appliquer les lois en assurant une protection sociale par des revenus minimum mensuels, l’accès à l’éducation et à la santé, car, c’est la clé du combat contre le terrorisme et l’extrémisme violent.
La ville de Fontenay-sous-Bois profitera de toutes les occasions au niveau local, national et international pour interpeller et montrer son indignation et sa colère face au fléau qu’est l’esclavage.
C’est pourquoi :
Le Conseil municipal de Fontenay-sous-Bois demande à l’Etat Français, par la voie de son Président de la République, Monsieur Emmanuel Macron, d’interpeller le Président Mauritanien – Monsieur Mohammed Ould Abdel Aziz – lors du sommet de l’union Africaine sur la situation préoccupante des Harratines en Mauritanie.
[1] L’esclavage a été aboli une première fois par l’administration coloniale au début du siècle, puis par l’Etat mauritanien indépendant en 1960 (affirmation de l’égalité des Mauritaniens devant la Constitution), et par un communiqué du Comité militaire de salut national (CMSN), le 5 juillet 1980 (confirmé par l’ordonnance no 81-234 du 9 novembre 1981).
Régis Pio