Antennes-relais : réduire l’exposition aux ondes électromagnétiques, c’est possible et urgent
Par Laurence Abeille, Michèle RIVASI, députée européenne EELV et Isabelle ATTARD, députée EELV du Calvados
Le comité opérationnel sur les ondes de téléphonie mobile (Copic) a remis le 26 août au ministre de l’Ecologie et à la ministre déléguée à l’Economie numérique deux rapports sur les ondes électromagnétiques.
Le premier rapport porte sur la « diminution de l’exposition aux ondes électromagnétiques émises par les antennes relais de téléphonie mobile ».
Chargé d’étudier la faisabilité d’une réduction de l’exposition du public aux ondes sous le seuil de 0,6 V/m (volt par mètre), recommandée par le Conseil de l’Europe et que nous considérons comme un seuil de protection sanitaire, le Copic souligne que la seule solution est de « multiplier par un facteur au minimum égal à trois » le nombre de sites.
En effet, la mutualisation des antennes relais, et donc la réduction de leur nombre, impliquerait une augmentation de la quantité d’ondes nécessaire à une bonne communication avec les téléphones portables. Au contraire, augmenter le nombre d’antennes entraine mécaniquement un besoin de puissance d’émission d’ondes moindre, et donc moins nocive.
C’est une mauvaise nouvelle pour les opérateurs de téléphonie mobile, pour qui multiplier par trois, quatre ou cinq les antennes-relais entrainera des travaux et des coûts plus importants. Mais n’ont-ils pas les moyens de le faire, au vu des factures que nous payons?
C’est donc une solution à privilégier pour la population : alors que déploiement de la 4G devrait s’accompagner d’une augmentation de l’exposition du public aux ondes de l’ordre de 50%, il nous apparaît plus que nécessaire de préserver la population en diminuant son exposition aux antennes relais, nocives pour la santé.
Doit-on attendre de compter le nombre de malades, alors qu’il est possible, techniquement, de réduire l’exposition des populations aux ondes? Les effets sanitaires ont été démontrés. Le principe de précaution, qui est un principe constitutionnel, doit être appliqué.
Le second rapport est le fruit « des expériences de nouvelles formes de concertation et d’information locale dans le cadre de l’implantation des antennes relais de téléphonie mobile ». Le comité issu du Grenelle des ondes y fait des recommandations en matière de concertation locale autour des projets d’antennes-relais, comme « l’information obligatoire des occupants d’un bâtiment préalablement à l’installation d’une antenne » ou « la possibilité pour les maires de demander aux opérateurs des simulations du champ généré par une future antenne ».
Si les communes ne peuvent plus rejeter une demande d’autorisation d’implantation d’antennes-relais (comme l’a décidé le Conseil d’État), les rapporteurs critiquent « les pratiques de concertation établies par certaines communes permettant d’établir des politiques implicites visant à limiter le niveau des champs électromagnétiques ». Il est également demandé aux élus d’organiser des concertations « autres que la réunion publique », à cause « de l’absence de représentants de l’Etat et de l’agressivité de certains participants », ce que nous regrettons. Les réunions publiques permettent en effet aux citoyens de s’exprimer contre l’implantation des antennes relais proches de leurs maisons, des hôpitaux, des crèches, écoles ou maisons de retraite. Les maires doivent pouvoir continuer à limiter l’exposition aux ondes électromagnétique sur leur commune s’ils estiment que la salubrité publique est menacée.
Doit-on encore poursuivre indéfiniment les réflexions dans une nouvelle instance, comme le suggèrent les ministres Philippe MARTIN et Fleur PELLERIN dans leur communiqué pour accoucher d’un énième rapport ou décide-t-on enfin de prendre acte des conclusions déjà établies et d’agir en conséquence de manière responsable ?